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MINOU Chrys-tayl : « La violence faite aux femmes en Afrique est un réel fléau et devrait même être mis au rang de terrorisme… »

La toile est inondée depuis quelques jours de ses jolis motifs de pagne africains qui portent des messages de sensibilisation contre les violences faites aux femmes en général et celles d’Afrique en particulier. Cette Journaliste, Cyber-activiste a décidé de mener ce combat contre vents et marrées et elle réussit à aider plusieurs femmes.

Pourquoi avoir choisi de sensibiliser sur les violences faites aux femmes?

Tout est parti de mon vécu car j’en ai été victime. J’ai connu les violences conjugales et sexuelles (il y a 10 ans) qui ont eu de grosses répercussions sur ma vie, ma santé et qui détruit énormément les femmes qui en sont victimes. J’ai constaté que se taire c’est encourager la violence mais pire il y’a une méconnaissance énorme sur les dangers liés aux violences faites aux femmes (appelé encore violences basées sur le genre).

Bien avant votre expérience personnelle quel avis aviez-vous sur la question ?

Pour moi cela a toujours été mal; j’ai grandi dans un univers juste et sans discrimination en effet étant fille unique avec des frères je n’ai jamais eu de soucis de « la place d’une fille c’est dans la cuisine « . Au contraire mes parents (mon père surtout) c’était les études avant tout. Je n’ai jamais vu mon père crier, brimer sur ma mère et mes frères font le ménage et la cuisine c’était à tour de rôle. Pour la petite histoire je suis plus apte à casser du bois ou à peindre un mur ; changer une ampoule que de faire la lessive ou balayer le sol. Histoire de dire que je ne connaissais pas cet univers et j’ai eu la grâce de côtoyer des personnes respectueuses. Même si j’ai toujours été contre les violences,  je n’avais pas idée de la gravité de ce fléau car le monde des violences faites aux femmes est un monde à part tant sur la santé, que dans la vie des personnes qui vivent cela.

Vous avez engagé une première campagne et on imagine que vous avez franchi un cap, quelle est la différence entre ces deux campagnes ?

La première campagne a été faite 3 mois après être sortie des violences c’était vraiment pour marquer le coup de l’engagement ; mais affronter la peur de pouvoir crier au monde que «  la violence faite à la femme en Afrique n’est pas normale ». La réalité est là en Afrique certains considèrent que c’est banal et normal de frapper une femme et que violer une femme est en partie la faute de la femme alors que ce sont des crimes. Pire encore pour ce qui est des féminicides ( meurtre de femmes et filles ) qui pullulent comme faits divers alors que cela devrait être vraiment pris en considération. En effet quand on sort d’un univers de violence on a encore peur. J’avais la chance d’être dans un endroit où j’étais choyée et dorlotée sans jugements et cela m’a beaucoup aidé de ce fait avec cette campagne c’était une façon d’envoyer un signal à toutes celles qui vivent les violences qui sont victimes que maintenant il y aura une vague qui va naître et qui va faire avancer les choses et cela c’était le premier pas. La deuxième campagne qui s’annonce cette fois ça va entrer dans le vif du sujet c’est à dire la sensibilisation se fera de manière beaucoup plus crue au-delà du slogan on va appeler le chat par son nom et on mettra la peur de côté. J’ai eu le temps de me documenter et me rendre compte du vaste chemin à accomplir sur la lutte contre les violences faites aux femmes car les femmes vivent beaucoup dans le déni et ne savent même pas ce que c’est de vivre dans une société patriarcale, ce que c’est le sexisme, la misogynie, leurs droits; le harcèlement sexuel pour ne citer que cela. Les femmes en Afrique ne doivent pas supporter ce qui met en danger leur existence en tant que être vivant. Je reviendrais dans les médias pour bien mener la lutte.

Avez-vous trouvé l’adhésion: des femmes d’abord? Des autorités ensuite?

Oui, un grand nombre d’entre elles me contactent via internet et viennent de divers horizons. Depuis décembre il y’a beaucoup de femmes qui écrivent et des gestes se sont mis en place ; je suis fière que des femmes qui vivaient les violences conjugales depuis 10 ans comme Marthe au Burkina à la suite de témoignages et de campagnes ait décidé de demander le divorce et de vivre libre au lieu de mourir mariée. Il y’a d’autres ici au Cameroun qui sont parties de ces relations toxiques et malsaines pour elles et j’en suis fière. La déception réside dans le fait qu’il y ait un manque criard de soutien psychologique et de personnes qualifiées pour gérer tous les traumatismes que certaines ont pu vivre. Pour les autorités à Abidjan je vivais chez une donc c’était assez facile, pourtant ici au Cameroun ce n’est pas encore le cas mais je sais que cela va venir car je compte m’y atteler. Je suis revenue au Cameroun il y’a 3 mois le temps de poser mes bases, de me reposer et puis je reprendrais les actions graduellement et je ne compte rien lâcher.

Et les hommes alors?

Les hommes ? En matière de violences sont aussi concernés d’ailleurs mon combat se fera avec eux à mes côtés ce ne sont pas mes ennemis. S’’agissant des hommes qui subissent des violences il y’en a mais le nombre de femmes est supérieure donc leur cas m’intéresse car rien n’est fait ou correctement appliqués en matière de lois sur les violences faites aux femmes et certaines lois ne vont pas avec les réalités de nos jours. Les lois doivent être plus dures envers les crimes qui détruisent la vie des femmes. Car les femmes sont aussi des actrices de développement pas juste des procréatrices

Et pour finir?

La violence faite aux femmes en Afrique est un réel fléau et devrait même être mis au rang de terrorisme car vu le nombre de femmes qui sont tuées ; violées, brimées; mutilées, battues et harcelées, mariées de force, mal rémunérées, cela mérite que l’on y porte une attention particulière. Les causes ont des répercutions aussi sur le développement. La violence faite aux femmes concerne tout le monde de ce fait c’est ensemble que nous devons lutter.

Salma Amadore

 

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