Santé

Le cancer du sein, un « serial killer » africain

On parle très peu de cette maladie en Afrique. Pourtant, le nombre de cas de cancer du sein explose sur le continent. Et le taux de survie y est bien moindre que dans le reste du monde.

On l’appelle « octobre rose ». Chaque année, c’est durant ce mois que des actions de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein sont organisées dans le monde. Certes, en Afrique subsaharienne, le cancer du col de l’utérus est celui qui tue le plus. Mais celui du sein progresse de manière préoccupante. Alors qu’aux États-Unis et en Europe environ 20 % des femmes qui en sont atteintes en meurent, cette proportion avoisine les 60 % en Afrique, du fait d’un diagnostic tardif et d’un traitement inadapté. La méconnaissance de la maladie et de ses symptômes, les délais de prise en charge, la pénurie de traitements, le manque de compétences locales et le silence des femmes, qui, souvent, redoutent d’être mises au ban de la société, expliquent également ce fort taux de mortalité sur le continent.
Les Noires – et parmi elles les plus jeunes – seraient-elles plus exposées que les autres ? Selon des chercheurs de l’université de Chicago, qui ont publié une étude en juin, ce serait au moins le cas des Africaines-Américaines. Celles-ci seraient plus susceptibles de développer cette maladie en raison d’une mutation génétique héréditaire, et leurs tumeurs seraient plus agressives. Mais l’insuffisance de données épidémiologiques ne permet pas d’extrapoler ces conclusions à l’Afrique.

Diagnostique au stade 4 : le cancer est incurable

Seule certitude : 72 % des femmes âgées de 15 ans à 49 ans qui succombent à cette maladie vivent dans un pays en voie de développement. Une tendance qui n’est pas près de s’inverser : d’après la Breast Health Global Initiative (Seattle), le taux de mortalité due au cancer du sein dans ces pays augmentera de 50 % dans les vingt prochaines années, sous l’effet de facteurs aggravants (tabagisme, pollution, alimentation déséquilibrée…).
En Afrique, le cancer du sein n’est souvent pas diagnostiqué avant qu’il ait atteint le stade 4, lorsqu’il est devenu incurable. Selon le rapport mondial 2012 de l’International Prevention Research Institute, un diagnostic au stade 3, avant qu’il ne se soit propagé à d’autres organes, permettrait d’accroître l’espérance de vie de 30 %. Globalement, sur le continent, le nombre de nouveaux cas de cancers de tout type recensés chaque année devrait bondir de 700 000 aujourd’hui à 1,6 million en 2030.

Fanny Rey

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