Santé

Quelles sont les conséquences des régimes riches en protéines sur la santé?

La consommation journalière de protéines est un élément alimentaire indispensable pour assurer l’entretien du corps et de ses fonctions.
La consommation journalière de protéines est un élément alimentaire indispensable pour assurer l’entretien du corps et de ses fonctions. Un adulte pour rester en bonne santé doit obligatoirement consommer chaque jour selon son poids et sa taille, de l’ordre de 40 à 60g de protéines, qu’il trouve dans les différents aliments qui constituent son régime alimentaire. Cet apport en protéines, qui représente 10-12% de l’apport énergétique total (avec 50-60% de l’apport énergétique total apporté par les glucides, et 30-40% apporté par les lipides), est considéré comme suffisant et adéquat pour assurer le fonctionnement optimal de l’organisme.

S’il est clair que la consommation de protéines ne doit jamais se situer à un niveau inférieur à 40-60g par jour, une autre question concerne l’augmentation de cet apport en protéines à un niveau supérieur, voire très supérieur, à cette valeur. L’observation des consommations alimentaires dans les différentes régions du monde fait apparaître que les populations consommant notamment une part importante de produits animaux, qui sont une source importante de protéines, ingèrent de 80g à 120g par jour de protéines (soit de l’ordre de 15% à 25% de l’apport énergétique total), cet apport étant considéré comme riche en protéines. En Europe, la consommation de protéines pour le groupe de consommateurs le plus élevé de la distribution (90-97.5ème percentile) est ainsi entre 17 et 27% de l’apport énergétique total. En outre, en particulier dans le cadre de certains régimes de contrôle du poids, l’apport en protéines est encore plus élevé, jusqu’à 120-180g voire 200g de protéines par jour (soit de 25% à 35% voire 40% de l’apport énergétique total), ce qui est considéré comme des régimes très riches en protéines.

Une augmentation des protéines pourrait participer à éviter un bilan énergétique positif entrainant une prise de poids. C’est ainsi que des régimes à teneur élevée en protéine et faible en glucides, comme les régimes de type Atkins ou Zone, ont un effet sur la composition corporelle et le poids. Ces régimes riches en protéines sont généralement considérés comme agissant, du moins à court et moyen terme, sur des processus impliqués dans le maintien du poids, pour éviter des prises de de poids et d’adiposité en situation ad libitum, ou des reprises de poids suite à des phases de restriction énergétique et de perte de poids. Ces processus incluent en particulier des effets sur la faim et la satiété, sur le métabolisme et la dépense énergétique et l’adiposité, et sur le maintien de la masse maigre corporelle, dont la résultante irait dans le sens d’un meilleur contrôle du poids, de la composition corporelle, et de l’adiposité. Ainsi, l’augmentation de la teneur en protéines du régime de 10-15% à 20-30% de l’énergie totale produirait généralement une baisse légère mais souvent significative sur une certaine période, de la consommation énergétique dans des conditions ad libitum, qui se traduit par une diminution du poids et sur le moyen terme par une stabilisation à un poids et une adiposité sensiblement plus bas. L’augmentation de la teneur en protéines semble aussi améliorer le maintien du poids et de la composition corporelle après une perte de poids liée à un régime hypo-énergétique, par un effet partiel d’épargne, qui reste cependant souvent modeste, sur la masse maigre et une réduction de l’adiposité.

Si des régimes modérément riches en protéines (inférieur à 20% de l’énergie totale) ou des régimes plus riches (20-25% de l’énergie totale) mais ingérés sur des périodes très courtes ne semblent pas provoquer de risques majeurs, la consommation de régimes riches en protéines sur le plus long terme pourrait induire certains risques de dysfonctionnement et augmenter certains facteurs de risque. Ainsi, des conséquences à plus long terme des régimes riches en protéines sur la résistance à l’insuline et les risque de diabète de type 2 ont été soulevées. En effet, si à court terme, et en particulier chez des sujets après une perte de poids, un régime riche en protéines semble améliorer la sensibilité à l’insuline, vraisemblablement par un effet insulino-sécréteur des acides aminés améliorant l’homéostasie du glucose, ces effets conduisent à plus long terme à une altération de la sensibilité à l’insuline et un risque accru de diabète de type 2. Des effets délétères sont aussi discutés concernant la fonction rénale, en particulier chez des sujets souffrant de déficience rénale ou des sujets avec une fonction rénale diminuée comme des sujets âgés, des sujets obèses, ou des sujets atteints de syndrome métabolique ou de diabète de type 2. Enfin, les relations avec le calcium et le métabolisme osseux semblent complexes, certaines études montrant un effet positif de l’apport en protéine sur la masse osseuse et le calcium, et certaines questions sont posées concernant des effets de perturbation de l’équilibre acido-basique par certains métabolites issus des acides aminés qui pourraient à l’inverse altérer le métabolisme osseux.

Les conséquences sur la santé de l’ingestion de ces régimes riches ou très riches en protéines sur des périodes plus ou moins longues doivent prendre en compte les effets directs de la quantité de protéines ingérées, mais aussi de la composition des régimes et des aliments vecteurs de ces protéines. Ainsi, l’augmentation de la quantité de protéines est généralement associée à une augmentation d’aliments d’origine animale riches en protéines tels que viandes, poissons, œufs, produits laitiers. Une consommation importante de ces aliments augmente la part des protéines du régime mais souvent aussi pour certains de ces produits, la part des lipides et les fractions de lipides saturés et de cholestérol qui ne posent pas de problèmes à des niveaux modérés de consommation mais représentent des facteurs de risque avérés, en particulier cardio-vasculaire pour des consommations trop élevées. On considère par exemple que l’apport de graisses saturées ne doit pas dépasser 10% de l’apport énergétique total du régime. En outre, des régimes riches en produits animaux, et en conséquence faible en produits d’origine végétale, peuvent générer un déséquilibre d’apport entre le sodium et le potassium altérant l’équilibre acido-basique, cet effet pouvant rejoindre les préoccupations citées plus haut concernant cet équilibre acido-basique et le métabolisme osseux. Par ailleurs, l’Organisation Mondiale de la Santé a aussi récemment recommandé une consommation modérée de viandes rouges et de viandes transformées du fait de facteurs de risques associant leur consommation à des niveaux élevés à une incidence plus élevée de cancers colorectaux.

Ainsi, des régimes riches en protéines peuvent avoir certains effets intéressants dans le cadre du contrôle du poids. Mais la consommation de tels régimes sur de longues périodes, ou la répétition trop fréquente de la consommation de ces régimes, peut induire des dysfonctionnements conduisant à des altérations fonctionnelles et contribuer au risques de certaines pathologies.

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