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L’Arabie Saoudite prend la tête de la condition de la femme de l’ONU, une décision qui fait scandale

Le 27 mars 2024, l’Organisation des Nations Unies a désigné le pays du Golfe à la tête d’une commission dédiée à la « promotion de l’égalité des sexes ». Un vote qui a beaucoup de mal à être compris par les défenseurs des droits des femmes et des droits humains.

En 2017, l’Arabie Saoudite faisait son entrée à la commission de la condition de la femme de l’ONU. Une intégration incomprise par de nombreuses personnes. « Elire l’Arabie Saoudite pour protéger les droits des femmes est comme désigner un pyromane chef des pompiers de la ville », avait notamment réagi Hillel Neuer, directeur de l’ONG UN Watch. Sept ans plus tard, le pays du Golfe vient de prendre la tête de cette même commission.

Dans sa description officielle, l’ONU décrit la commission comme «  un organe de décision politique mondial  exclusivement dédié à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes ». Par un vote des 45 membres de la commission, l’organisation a désigné l’Arabie Saoudite comme pays successeur des Philippines à cette fonction. Une décision qui fait scandale auprès des féministes, en raison de la façon dont le pays gère les droits des femmes sur son territoire.

‘‘Un pays qui emprisonne les femmes simplement parce qu’elles se battent  pour leurs droits ne peut pas devenir le visage de la commission pour les droits des femmes et l’égalité du genre de l’ONU’’, a réagi sur X (ex Twitter) Louis Charbonneau, directeur de l’ONG Human Right Watch. Dans un rapport du Forum économique mondial publié en 2022, l’Arabie Saoudite pointant à la 127e place sur 146 des pays ou l’égalité des sexes est respectée.

Des perspectives d’évolution

Dans un communiqué de presse publié quelques jours avant le vote de l’ONU, Amnesty International avertissait sur la possibilité de voir l’Arabie Saoudite prendre la tête de la Commission. ‘‘ Le bilan catastrophique de l’Arabie Saoudite lorsqu’il s’agit de protéger et de promouvoir les droits des femmes met en lumière le fossé entre la réalité que vivent les femmes et les filles dans le pays, et les aspirations de la Commission’’ précisait l’ONG.

En 2022, Mohammed Ben Salmane, prince héritier de l’Arabie Saoudite, avait fait adopter une loi relative au statut personnel permettant d’instaurer un âge minimum pour se marier. Une façon de montrer que le pays souhaitait améliorer le sort réservé aux femmes saoudiennes, mais avec des conditions : les épouses doivent également se soumettre à leur mari pour obtenir leur soutien financier, et sont tenues d’obtenir ‘‘l’autorisation d’un tuteur de sexe masculin pour se marier et pour valider le contrat de mariage’’ précise Amnesty International.

De nombreuses militantes féministes sont encore emprisonnées par le régime saoudien. C’est le cas de la Saoudienne Manahel al Otaibi, qui «  doit être jugée pour avoir diffusé sur Snapchat des photos d’elle sans abaya dans un centre commercial et pour des publications de réseaux sociaux défendant les droits des femmes et appelant à l’abrogation des lois saoudiennes répressives relatives à la tutelle masculine », et dont Amnesty a demandé la libération en fin février.

Un exemple parmi d’autres de militantes incarcérées pour leur combat féministe.

Seguy Emma

 

 

 

 

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