Musique

Michel Ngue-Awane : Penser, créer, transformer l’Afrique

I. De l’Ouest camerounais aux centres du savoir mondial
Michel Ngue-Awane est un intellectuel dont la trajectoire traverse à la fois les territoires géographiques et les champs disciplinaires. Né à Douala au Cameroun, il passe par des villes telles que Santchou, Dschang ou Douala, avant de s’établir au Burkina Faso, puis au Royaume-Uni.
Son parcours académique est atypique : il étudie la philosophie, l’informatique, l’administration des affaires et se lance dans un doctorat en travail social et en psychodynamique. Cette diversité reflète une pensée en mouvement, refusant les cloisonnements.
II. Une pensée de libération mentale
L’œuvre de Ngue-Awane est traversée par une urgence : celle de libérer l’esprit africain des séquelles du passé colonial.
Dans Au-delà du subconscient colonial, l’Afrique Avance (2015), il propose une lecture radicale des aliénations psychiques héritées de la colonisation. Loin d’un simple constat, le livre est un appel à la reconfiguration des mentalités africaines, pour que l’Afrique cesse de se penser à travers les yeux de l’autre.
III. Décoloniser l’échec : esprit pauvre ou terre pauvre ?
Dans Terre Pauvre ou Esprit Pauvres : l’Afrique répond (2020), Ngue-Awane pousse plus loin la réflexion.
Il défend l’idée que la pauvreté de l’Afrique est d’abord une pauvreté d’imaginaire, de foi en soi, de projection collective. Ce n’est pas tant l’environnement qui limite les possibles, mais la manière dont les Africains se perçoivent eux-mêmes.
Cette inversion du regard provoque : elle bouscule les certitudes, refuse la victimisation, et responsabilise.
IV. Une pensée-passerelle entre l’Afrique et sa diaspora
Installé au Royaume-Uni, Michel Ngue-Awane incarne une figure rare : celle d’un intellectuel transcontinental.
Il agit comme un médiateur culturel entre le continent et ses enfants de la diaspora, contribuant à des débats essentiels sur la reconstruction africaine.
Ses interventions dans les médias, tant en Afrique qu’en Europe, lui confèrent une légitimité croissante comme analyste des mutations africaines contemporaines.
V. La musique comme acte de parole
Michel Ngue-Awane ne se contente pas de penser et d’écrire : il chante, compose, et interprète.
Sa musique, enracinée dans les langues africaines (Yemba, Douala, Ewondo) et les langues internationales, n’est pas un simple divertissement : c’est une extension de sa philosophie. Une manière de toucher les esprits et les cœurs, là où le langage académique échoue parfois.
Avec plus de vingt chansons à son actif, il façonne une esthétique de l’éveil, qui mêle mélodie, spiritualité et affirmation culturelle.
VI. Multiplicité des formes, unité de vision
Ce qui frappe chez Ngue-Awane, c’est sa capacité à conjuguer différents médiums : essai, tribune, chanson, conférence.
Son engagement n’a pas de frontière formelle. Il construit une vision, un style, une trajectoire qui parle autant aux élites qu’aux peuples.
Sa pensée articule exigence intellectuelle et accessibilité populaire.
Son parcours académique nourrit un discours profondément enraciné dans l’expérience africaine.
Son art, à la fois doux et militant, accompagne la reconquête de l’estime de soi.
🔚 Penser l’Afrique depuis l’Afrique, avec le monde
Michel Ngue-Awane fait partie de ces voix rares qui pensent l’Afrique de l’intérieur, tout en dialoguant avec l’extérieur.
Il défend une Afrique qui se connaît, se critique, s’élève. Une Afrique qui cesse d’imiter pour enfin s’inventer.
Sa trajectoire est un appel : à penser librement, à créer sans honte, et à construire une souveraineté mentale avant même la souveraineté politique.

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