Culture

Violence comme moyen d’éducation : L’écrivaine sophrologue et coach parental Augustine Patience MEKONG envoie un message fort à tous les éducateurs

Dans sa plus récente parution « Éduquez sans frapper », cette mère et éducatrice nous démontre qu’une autre approche éducative est possible pour les enfants au 21e siècle. 

Comment se porte actuellement la littérature africaine ?

De mieux en mieux, elle prend de l’ampleur ! il faut juste éduquer les populations à la lecture. On se forme toute la vie, on ne doit pas lire que pour passer des examens et avoir des diplômes la lecture fait partie de la vie surtout au 21eme siècle, elle aide à acquérir des connaissances, des compétences, l’ouverture d’esprit, nécessaires pour vivre dans le monde moderne.

L’on constate l’entrée en scène très grandissante de nombreux auteur.e.s dans la sphère littéraire camerounaise. Diriez-vous que c’est un secteur prometteur ?

Ce secteur est très prometteur parce qu’il y a encore tout à faire ! Nous ne sommes qu’au début de l’éclosion de nombreux auteur.e.s africains et surtout camerounais. Nous avons notre mot à dire dans la marche du monde, nos expériences de vie, nos compétences, notre philosophie de vie, notre culture etc… Donc, ceux qui ont du talent pour écrire : lancez-vous !

La violence est de plus en plus présente dans nos milieux de vie (écoles, familles…), quelle en est la cause ?

Plusieurs facteurs peuvent être la cause des violences dans les familles et à l’école : la pauvreté, la précarité, l’ignorance, la convoitise, environnement inadéquat (ex : classes de 100 élèves), les réseaux sociaux etc… Mais la cause principale pour moi ce sont les bastonnades et autres maltraitances et violences psychologiques que les adultes infligent aux enfants depuis tout petit. Du coup, on se retrouve avec des adolescents, et des adultes violents, qui pensent que la vie est violente et que c’est la violence qui résout tous les problèmes.

Vous avez à votre actif plusieurs ouvrages dont des contes pour enfants et adultes. Qu’est-ce qui a motivé l’initiative Éduquez sans frapper ?

J’écris des contes depuis un moment, parce que je voudrais réactualiser la pratique des « contes autour du feu le soir » dans nos familles et dans nos écoles. Nous connaissons tous les bienfaits des contes sur le développement de l’enfant et son bien-être. Mais j’ai constaté que beaucoup d’enfants sont encore traités comme des esclaves dans leurs propres familles et surtout dans les écoles : bastonnades, humiliations, violences psychologiques…Comment parler de bien-être dans ce cas ?

J’ai donc voulu commencer par donner des outils aux parents et enseignants pour éduquer sans violence, parce que c’est possible ! Et c’est mon métier d’accompagner tous ces adultes qui veulent offrir un cadre bienveillant, sécurisant et aimant à leurs enfants ou leurs élèves. Et comment offrir tout cela au plus grand nombre ? A travers un livre, d’où l’idée de EDUQUEZ SANS frapper !

« Les enfants apprennent par imitation…C’est incohérent d’apprendre à ne pas taper en tapant ». Pouvez-vous nous expliquer ces phrases qui viennent de vous ?

Les enfants et même les bébés observent beaucoup et reproduisent les faits et gestes des adultes. L’imitation est donc un puissant outil d’apprentissage : jouer à papa- maman par exemple, rire quand l’autre rit etc… Ce sont les neurones miroirs de leurs cerveaux qui s’activent chaque fois qu’ils voient un adulte faire quelque chose. Donc donnez des ordres tout le temps à l’enfant, il fera pareil, un enfant battu va aussi taper ! Car la violence conduit à la violence.

Dans la même idée, des gestes de bienveillance, d’amour, de douceur conduisent aussi à la douceur, à l’amour, à l’empathie.

Alors, le comportement des parents, éducateurs et adultes autour de l’enfant est primordial ! Quand un adulte tape, il ne peut pas demander à son enfant de ne pas taper c’est incompréhensible pour l’enfant, et pour moi aussi d’ailleurs J

L’utilisation du fouet est ancrée dans les mœurs africaines. Quelle alternative pourriez-vous apporter aux parents qui pensent que c’est la seule méthode efficace pour une éducation de qualité ?

Les parents qui utilisent le fouet ont eux-mêmes été fouettés pendant leur enfance et adolescence, cela laisse des traces psychologiques et émotionnelles au point de trouver la violence normale et la banaliser.

C’est aussi un moyen facile, un raccourci, quand on ne sait pas quoi faire d’autre.

Ce que je propose aux parents, enseignants, éducateurs, c’est un travail de connaissance de soi, un travail de guérison des blocages émotionnels et psychologiques, puis leur donner des outils de discipline positive et d’autodiscipline pour encadrer les enfants de façon empathique et bienveillante.  Il faut qu’ils comprennent aussi comment fonctionne l’enfant et ses besoins.

C’est ce donc parle le livre : EDUQUEZ SANS frapper ! Et qu’on approfondit dans mes formations

Aux parents qui voudraient adopter votre approche, où pourraient-ils se procurer le guide Éduquez sans frapper ?

On peut trouver le livre :

– A la librairie des Peuples Noirs (face SNI Yaoundé)

– On peut le commander en cliquant sur ce lien : https://www.argenlivre.com/product-page/eduquez-sans-frapper

Ou appeler au : 673270179 / 655661677

Interview menée par Aude Kassandra Otu

Commentaires Facebook

0 commentaires

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page