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Chanel Mallong (juriste) : « Les hommes, amenez vos femmes à la mairie ! Les femmes, donnez envie à vos hommes de vous officialiser devant monsieur le Maire… »

Le concubinage communément appelé chez nous  « Le Viens on reste » est une union de fait Matérialisé par un couple vivant sous le même toit de manière stable et continue sans base légale. La femme fait parfois des décennies avec un homme et de cette union, naissent des enfants qui parfois n’ont rien à la mort de leur père, « la veuve » quant à elle est chassée par la belle famille. Chanel Mallong (juriste) nous apporte plus de lumière à ce sujet complexe.

Bonjour Chanel Mallong, merci de répondre à nos questions. Vous êtes juriste et je voudrai qu’on aborde un sujet complexe : le Concubinage (le viens on reste). Etymologiquement, c’est quoi le concubinage ?

Le concubinage est une union de fait Matérialisé par un couple vivant sous le même toit de manière stable et continue sans base légale. Pour faire simple, il s’agit d’un couple qui vit ensemble sans être marié, ni pacsé (pour les personnes établies dans des pays où la législation en vigueur le permet).

Ici on Cameroun, on rencontre souvent des couples qui vivent plus 20 ans sans aller à la mairie. Est-ce que après le décès du mari, la femme peut prétendre à un héritage ? En d’autres termes, la femme peut hériter de son mari sans aller à la mairie?

Si l’on interprète strictement le droit, non le concubin survivant n’a aucun droit sur l’héritage de son concubin décédé. Pour qu’il en ait, il faut qu’un testament ait été rédigé en ce sens. Car dans le calcul des droits de succession, les concubins sont considérés comme n’ayant aucun liens entre eux.

Toutefois, en fonction du cas de l’espèce, le juge peut souverainement apprécier l’ancienneté de la vie commune, ainsi que d’autres paramètres qui y gravitent et décider d’accorder des subsides au concubin survivant.

En effet, bien que le concubinage en Droit Camerounais ne soit pas formel, la jurisprudence et la loi lui attache des effets subordonnés à la preuve de son existence et à ses caractères.

Dans certaines régions comme au Nord Cameroun, la religion musulmane reconnait le mariage traditionnel et l’héritage est partagé selon l’islam. Est-ce qu’on peut toujours parler de concubinage dans ce cas ?

Notons en amont que le mariage coutumier ou traditionnel était la seule forme de mariage au Cameroun jusqu’à l’arrêté du 16 mars 1935. La coutume occupe donc une place considérable dans notre Droit.

En effet, ce dernier reconnaît le droit coutumier et islamique, mais chaque fois que le Droit moderne est invoqué, les deux premiers su-cités sont écartés.

Chaque mot étant important, on parlera donc ici de mariage religieux/traditionnel pure et simple, pas de concubinage.

Au sud Cameroun plus particulièrement chez les Eton la dot coute chère, si un homme décide de payer la dot et faire le mariage religieux, mais sans aller à la mairie, est ce que le couple vit il en concubinage ? (pourtant toute la famille a mangé)

Cette question rejoint la précédente. On ne parlera pas de concubinage, mais de mariage religieux/coutumier comme je l’ai signifié plus haut.

Toutefois, rappelons que lors d’une action en justice si le droit moderne est invoqué, ce sera lui qui sera appliqué, et on écartera la coutume/la religion.

Si toi la juriste a un message à faire passer au couple, que vas-tu leur dire ?

Ce serait hypocrite que de ne pas reconnaître que la société a considérablement évolué et changé.

Notre population est jeune, un brin insouciante de l’avenir. Aujourd’hui pour des raisons qui sont propres à chacun, la voix du mariage est de plus en plus délaissée, choix que je respecte bien évidemment.

Toutefois, quitte à s’installer ensemble, faire la dot, le mariage religieux, etc… Pourquoi ne pas y donner un cadre légal ? Un manque d’argent me direz-vous ? On n’a pas besoin d’être millionnaire pour se marier ! La grosse fête que vous envisagez peut attendre.

Allez à la mairie, signez votre acte de mariage, et plus tard si c’est important pour vous, vous organiserez la gigantesque fête tant rêvée. Le législateur ayant fixé le mariage civil comme base légale, c’est lui qui vous protège véritablement et entièrement. Le mariage coutumier, lui, pouvant être écarté facilement, puisque notre législation reconnaît la primauté du droit moderne.

En deux phrases : les hommes, amenez vos femmes à la mairie ! Les femmes, donnez envie à vos hommes de vous officialiser devant monsieur le Maire.

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