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Voici venir les rêveurs d’Imbolo Mbue ou quand trop de publicité gâche le succès d’un livre

Voici un livre qui a été annoncé comme étant celui qui devait bouleverser la rentrée littéraire en France, en cette année 2016.

On a lu ici et là que c’était le gros coup de cœur de Random House, qui a acheté le manuscrit pour un million de dollars à la foire du livre de Frankfort de 2014.

On a entendu de bons mots sur ce livre, le sujet principal et autres…

Les médias en ont tellement parlé, et ceci bien avant la sortie du livre, que finalement, à sa sortie pour cette rentrée littéraire, c’est la surprise générale lorsqu’on regarde les chiffres des meilleures ventes et le classement.

On constate que c’est la très délicieuse Amélie Nothomb qui est restée indétrônable alors même que sur son nouveau livre, Riquet à la houppe, il n’y a aucun résumé écrit sur la quatrième de couverture. Quand on prend le livre, on ne sait pas trop de quoi ça parle, c’est en lisant qu’au fur et à mesure on fait connaissance avec l’histoire que nous vend l’auteure. Exercice auquel seuls Nothomb et quelques-uns peuvent se frotter, car c’est un gros risque commercial qu’aucun éditeur n’accepterait de prendre pour n’importe quel auteur !

Comme je disais, le livre d’Imbolo Mbue est passé presque inaperçu. Eh oui, trop de publicité gâche la publicité. On sait tous que ce ne sont pas les médias qui achètent les livres, mais les lecteurs, c’est-à-dire les gens comme vous et moi.

Accepter autant de publicité est une erreur de débutante ? Avait-elle le choix ? Sûrement oui, sûrement non. Ce qui est clair, c’est qu’on est habitué au matraquage en ce qui concerne la musique, mais dans le milieu littéraire ou le milieu des gens qui achètent les livres, ce n’est souvent pas la bonne solution. Ce n’est pas parce qu’un journaliste a dit que le livre est bon que les gens iront automatiquement l’acheter. Souvent ça passe, souvent ça cale ! Personne ne sait expliquer comment ni pourquoi…

Ce n’est pas bien grave, puisque ce n’est que le premier livre de l’auteure. On se dit qu’elle saura assurer un certain mystère la prochaine fois, pour sa prochaine traduction française, dans le pire des cas, il lui reste toujours son public américain…

Extraits :

« Il avait tiré une leçon de ses années sur terre : les bonnes choses n’arrivent qu’à ceux qui honorent la bonté des autres. »

« Qui sait comment ils mènent leur mariage ? Le mariage entre les gens de ce pays est une chose très étrange, Bo. Ce n’est pas comme chez nous, où un homme fait comme bon lui semble et la femme lui obéit. ici, c’est l’inverse. Les femmes disent à leur homme ce qu’elles veulent et les hommes le font, parce qu’ils disent : « Epouse heureuse, vie heureuse. »

« Jende et sa famille allaient devoir rentrer à New Town les mains vides, sans rien d’autre que des fables sur ce qu’ils avaient vu et fait en Amérique, et lorsque les gens demanderaient pourquoi ils étaient revenus et pourquoi ils habitaient de nouveau dans le caraboat house délabrée de ses parents, Jende et sa famille seraient obligés de raconter un mensonge, un très bon mensonge, car il n’y aurait d’autre façon d’échapper au discrédit et à la honte. La honte, Jende pouvait vivre avec, mais échouer en tant que père, en tant que mari »

Résumé du livre :

Aux États-Unis et au Cameroun, en 2007. Nous sommes à l’automne 2007 à New York et Jende Jonga, un immigrant illégal d’origine camerounaise, est en passe de réaliser son rêve : après avoir été plongeur et chauffeur de taxis, il vient de décrocher un emploi de chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Pour Jende, tout est désormais possible : il va enfin pouvoir offrir à Neni, son amoureuse, les études de pharmacienne dont elle rêve.

Et surtout, pour les Jonga, le Graal est en vue : obtenir leur carte verte et devenir enfin des Américains. Mais rien n’est simple au pays de l’American Dream. Entre Jende, loyal, discret, compétent, et son patron Clark, noyé dans le travail et les difficultés de la banque se noue une vraie complicité. Les deux familles se rapprochent, mais si les Jonga sont soudés malgré l’épée de Damoclès de l’expulsion, les Edwards sont en proie à de nombreux problèmes.
Pour tous, l’interminable demande d’asile des Jonga et la menace d’éclatement de la bulle des subprimes vont remettre en question leurs certitudes…

L’auteur :

Imbolo Mbue a quitté Limbé, au Cameroun, en 1998 pour faire ses études aux États-Unis. Elle a grandi en lisant les grands auteurs africains : Chinua Achebe, Ngugi wa Thiong’o, mais c’est chez Toni Morrison et Gabriel Garcia Marquez que sa sensation d’être éclatée entre deux cultures a trouvé un écho. À 33 ans, elle vit à Manhattan.

Par Michel Tagne Foko

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